Segunda Piel | ARMITAGE

Ballet abstrait mais ballet d’ambiance, car la musique de David Shea traduit le malaise de notre temps, face à cette espèce de chaos, vers lequel la fuite du temps conduit inexorablement l’humanité. En effet la musique plonge les danseurs dans une atmosphère pessimiste qui est aujourd’hui le sentiment profond de tout être conscient, en cette fin de siècle. Le poète peut parler du « mal d’un enfant du siècle ». Or ce mal n’est pas une question d’âge, il est celui d’une fin de siècle, où l’irrationalité domine.  Il ne touche pas que l’enfance, voire l’adolescence, mais toute personne qui voit la vie d‘une manière un peu plus noire, que ceux qui voient la vie en rose ! Plus qu’aucun autre créateur, les chorégraphes sont sensibles à cette violence qui nous entoure, violence qu’aucune raison ne peut expliquer, ni concevoir, ni accepter.

Pourtant dans cette fuite en avant, on peut imaginer une part d’optimisme. C’est peut-être la raison de la danse de Karole Armitage, à l’écoute e la partition rythmée et obsédante – presque du rap – du compositeur new yorkais David Shea.

Antoine Livio


"Segunda Piel" | ARMITAGE
Chorégraphie : Karole Armitage
Musique : David Shea
Scénographie, costumes: Alfredo Viloria
Lumières : Pat Dignan

Création pour Les Ballets de Monte-Carlo
Première le 18 avril 1992, Salle Garnier Opéra de Monte-Carlo